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La Miviludes nous alerte : santé et dérives sectaires

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789

Art. 11

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

 

Rapport de la Miviludes : ne ratez pas les dernières nouveautés sectaires


Laure Daussy · Paru dans l'édition 1581 du 9 novembre - CHARLIE HEBDO

 Nouveau record de saisines de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). En effet, la structure a été saisie 4 020 fois en 2021, soit une augmentation de 33,6 % par rapport à 2020. Un « regain d’activité » notamment lié à la crise sanitaire. Mais également à l’émergence de nouvelles tendances.


Les sectes « traditionnelles » ne déçoivent jamais, ainsi, 293 saisines concernent des mouvances chrétiennes, 99 impliquent les Témoins de Jéhovah, 33 l’Église de scientologie, 31 l’anthropo­sophie, selon le dernier rapport de la Miviludes, publié jeudi 3 novembre. Mais c’est surtout le pôle santé de la Miviludes qui a été saisi, avec 744 ­requêtes. Le Covid a clairement été un catalyseur pour les mouvances sectaires, selon ce rapport, qui porte sur ­l’année 2021. « Il est […] indéniable que la crise engendrée par la ­Covid-19 a déstabilisé de nombreuses personnes en perte de repères dans une société complexe, interconnectée où l’information côtoie la désinformation », peut-on y lire.

Ces saisines du pôle santé visent des dérives thérapeutiques, des pratiques de soins non conventionnelles, comme la naturopathie, ou encore la « médecine nouvelle germanique », invention du Dr Hamer. Ce médecin estime que les cancers seraient dus à un choc psychologique. Ses patients doivent refuser tous les traitements conventionnels, considérés comme des obstacles à la guérison, qui doit provenir du patient lui-même et de sa propre volonté. Le rapport évoque aussi les dangers liés aux régimes tels que le crudivorisme ou le « respirianisme », qui considère que l’on peut se nourrir uniquement d’air et de lumière. Cette pratique aurait été responsable de sept décès dans le monde à ce jour. Dans la même veine, la Miviludes dénonce des gourous comme Thierry Casasnovas, qui cumule 54 saisines à lui tout seul.

Le rapport pointe aussi 173 saisines concernant des dérives liées au développement personnel et au coaching ; 159 autour du chamanisme ; 116 relatives à la méditation et au yoga. La Miviludes alerte en particulier sur les abus du « féminin sacré », dont nous vous parlions ici. Une théorie « en pleine expansion et [qui] trouve un véritable succès sous couvert de l’émancipation des femmes, alors même que l’objectif premier semble être purement financier », dénonce la mission. De pseudo-­spécialistes proposent, pour des sommes astronomiques des stages autour du karma, des énergies quantiques et de bénédictions de l’utérus – lors de notre précédente enquête, nous avions trouvé des stages à 2 000 euros pour deux jours. S’il fallait le rappeler, le rapport précise que toutes ces théories ne font l’objet d’aucun consensus scientifique. Elles reposent principalement sur la culpabilisation des femmes. Certaines prêtresses du « féminin sacré » expliquent par exemple que si une femme a des règles douloureuses, c’est qu’elle n’est pas « en accord avec sa nature profonde de femme »...

Laure Daussy


MIVILUDES

mission interministérielle rattachée au ministère de l'Intérieur

Qu'est-ce qu'une dérive sectaire ?

Sur la base de l’expérience de la Miviludes, qui reçoit quelques 2 000 signalements par an, la dérive sectaire peut être définie comme suit :

La dérive sectaire

Il s'agit d'un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société.

 

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