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Michelle BAUDRAND née MOTOT 1936-2019

Change
Le lundi 21 octobre 2019 à huit heures trente
s'est éclipsée

Michelle BAUDRAND-MOTOT

Née le 30 mars 1936 au Creusot.
Ses chers neveux, sa famille, ses amis, demeurent dans la peine et la joie de son souvenir.
Ses obsèques seront célébrées en l'église de Change le vendredi 25 octobre à quatorze heures trente.
Michelle repose à la chambre funéraire de Nolay.
Pas de fleurs, pas de plaques.

Les obsèques de Michelle BAUDRAND-MOTOT ont été célébrées le vendredi 25 octobre 2019 à 14 h 30 à Change.

Musique
MILES DAVIS - ERIC SATIE - SCHUBERT – LITZ
Lectures
1/ Savoir vieillir , françois Fabié
2/ J’arrive où je suis étranger, Louis Aragon

Sur les photos de famille, Michèle enfant pose toujours flanquée de son petit frère Pierre.
Derrière l’objectif, on devine le regard bienveillant de sa maman Georgette. Les photos seront adressées à son père Gaston, prisonnier en Allemagne.
Michèle devra apprendre la patience au petit Pierre : ils attendrons 9 ans son retour.

Michèle jeune fille enfourche son scooter et file travailler à l’étude notariale de Nolay.
Elle assure avoir obtenu son permis de conduire en 1959 grâce à l’indulgence de l’examinateur ( celui-ci se méprenant sur son patronyme : le conseiller général d’alors se nomme MOTOT.)
Michèle en 4 ch explore la campagne alentour et croise à St Aubin le chemin d’un fils de maraîcher, fraîchement diplômé en droit : Michel BAUDRAND

Michèle jeune mariée, active, moderne et indépendante d’esprit, abandonne la Citroën pour le métro et la vie parisienne trépidante

Michèle bâtisseuse, dirige la rénovation du berceau familial des Motot : La maison de l’oncle Lucien à Change

Michèle n’a pas d’enfant mais 2 garnements qui s’entendent comme larrons en foire : son frère PIERRE et son mari MICHEL. Lorsque celui-ci, frappé par la limite d’âge, s’apprête à quitter le quai des orfèvres pour s’installer rue de l’eau, Michèle n’a aucunement l’intention de laisser les 2 beau-frères la bride sur le coup. Elle démissionne, Les Baudrand s’installent à change.
Pour l’occasion, Michèle reprend le volant après 30 ans d’abstinence.
Si d’aventure vous avez croisé une fiat panda rouge sur les petites routes de campagne à cette période, vous ne l’avez sans doute pas oublié.

1995, le cancer emporte Michel. Il a 59 ans

Michèle s’embourgeoise, décore son intérieur. Elle aime beaucoup faire travailler les autres, se régale de potins, croustillants de préférence.
Toujours élégante, tyrannique quelquefois, généreuse toujours.

2012, le cancer s’attaque à Pierre. Il meurt à 72 ans

Michèle l’insolente a 80 ans. Son corps de vieille dame pèse à son âme de jeune fille pâle.
La peur occupe son quotidien : peur de la chute, de la maladie , peur du vide.
Ni ses proches, ni les hommes de l’art qu’elle fréquentait assidûment n’ont su voir la véritable nature de la maladie qui la consumait.
Maladie que nous avions fini par croire imaginaire.

Michèle affaiblie mais lucide, ne veut pas lutter contre la maladie qui a emporté son frère.
L’été se passe tant bien que mal, chaleureusement entourée par son petit monde.

Michèle épuisée, s’éteint dans son sommeil le 21 octobre 2019


Au début des années 70, Change est une communauté villageoise : parents, familles, amis et voisins tissent autour des enfants du village une toile aux mailles serrées.
Cette prison dorée fut le théâtre de mon enfance heureuse, de mon adolescence tumultueuse.
Avec la disparition de Michèle, le dernier fil se brise.
Me voila libre mais terriblement désemparé
Merci à tous de nous avoir accompagnés.

Thierry MOTOT

Savoir vieillir

Vieillir, se l’avouer à soi-même et le dire,
Tout haut, non pas pour voir protester les amis,
Mais pour y conformer ses goûts et s’interdire
Ce que la veille encore on se croyait permis.

Avec sincérité, dès que l’aube se lève,
Se bien persuader qu’on est plus vieux d’un jour.
À chaque cheveu blanc se séparer d’un rêve
Et lui dire tout bas un adieu sans retour.

Aux appétits grossiers, imposer d’âpres jeûnes,
Et nourrir son esprit d’un solide savoir ;
Devenir bon, devenir doux, aimer les jeunes
Comme on aima les fleurs, comme on aima l’espoir.

Se résigner à vivre un peu sur le rivage,
Tandis qu’ils vogueront sur les flots hasardeux,
Craindre d’être importun, sans devenir sauvage,
Se laisser ignorer tout en restant près d’eux.

Vaquer sans bruit aux soins que tout départ réclame,
Prier et faire un peu de bien autour de soi,
Sans négliger son corps, parer surtout son âme,
Chauffant l’un aux tisons, l’autre à l’antique foi,

Puis un jour s’en aller, sans trop causer d’alarmes,
Discrètement mourir, un peu comme on s’endort,
Pour que les tout petits ne versent pas de larmes
Et qu’ils ne sachent pas ce que c’est que la mort.

François Fabié, Ronces et lierres


J'arrive où je suis étranger

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Louis Aragon.

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